C’est parti pour le canal du Panama et le Pacifique. Compte tenu de la forte fréquentation du canal à cette saison, nous savons que nous aurons quelques semaines d’attente avant notre passage. L’objectif est simple : faire toutes les démarches au plus vite pour pouvoir ensuite profiter pleinement de ce beau pays en attendant notre tour !
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- A la découverte du Panama -
Nous arrivons le vendredi 3 mars dans la baie de Portobelo, au Panama. C’est déjà le weekend et tous les bureaux de l’administration sont fermés. Notre procédure d’entrée dans le pays est donc remise à plus tard (on repassera sur le thème de « faire les démarches au plus vite »).
Nous nous mettons donc en mode exploration pour découvrir cette baie exotique et chargée d’histoire. Portebelo était le plus gros port d’Amérique centrale pendant la période coloniale. Beaucoup de richesses y transitaient. Elle était donc le théâtre de nombreux conflits entre espagnols, portugais, anglais, pirates, etc… et fut fortifiée en conséquence. La plupart de ces fortifications sont à ce jour encore présentes sous la forme de ruines, ce qui offre un bon terrain de jeu aux touristes un tant soit peu téméraires. L’autre aspect attrayant de cette baie est la jungle dense et verdoyante qui l’entoure.
A l’intérieur du bateau sur son ancre, les cris des singes et le survol des oiseaux vous rappelle l’omniprésence de la forêt. Cette végétation a complètement repris la main sur les fortifications, ce qui rend l’exploration des ruines encore plus passionnante.
Nous passons donc nos premiers jours au Panama à rôder dans les chemins de rondes en s’imaginant l’arrivée d’un bateau pirate, ou à crapahuter dans la jungle à la recherche de singes hurleurs. Cette jungle ne mettra d’ailleurs pas longtemps à nous rappeler l’étendue de son hostilité puisque notre drone se fera littéralement happer par les arbres lors de notre première balade. Ce sera l’occasion pour Pierre et Guillaume d’organiser une nouvelle expédition, plus extrême cette fois ci, au cœur de la jungle pour le récupérer.
Nous profitons aussi, en ces premiers jours, de notre retour à la civilisation. Bien qu’entouré de foret, le village de Portobelo est quand même plutôt bien équipé. Cela faisait plus de trois semaines que nous étions coupés de tous réseaux. Il était temps de donner quelques nouvelles à nos proches.
Lundi arrive et il temps de se mettre en règle. Nous filons d’abord vers Puerto Lindo en taxi pour obtenir notre permis de navigation (ZARPE), puis retour à Portobelo, au bureau des douanes pour l’immigration. Il s’agit maintenant d’obtenir un rendez-vous pour l’inspection du bateau par un agent du canal, première étape indispensable au passage du canal. Après d’interminables coups de téléphones à répétition, nous arrivons finalement à décrocher un rendez-vous pour le mercredi. Il nous faut donc mettre le cap vers Shelter Bay, le mouillage à l’entrée du canal ou s’effectue le “measurement”. Cette navigation est une bonne mise dans le bain puisque nous nous retrouvons à slalomer entre porte-conteneurs et vraquiers dont certains dépassent les 300m de long. Nous avons compté jusqu’à une cinquantaine de bateaux autour de
nous. On se rend alors compte de l’importance du trafic maritime dans le monde moderne, et du gigantisme des navires qui transportent chaque jour nos produits de consommations.
Notre arrivée à Shelter bay sonne aussi l’heure des aux-revoir pour Tristan qui retourne en France pour quelques semaines. Mais il part sans amertume puisque nous avons trouvé depuis peu une solution pour qu’il puisse passer le canal avec nous ! Nous finirons les procédures de réservation du canal à trois puis irons déposer le bateau sur corps mort à la Panamarina, proche de Puerto Lindo. Nous pourrons ensuite partir à pied à la découverte du Panama, et revenir au dernier moment pour changer d’océan tous ensemble. Les formalités se déroulent comme prévu et nous obtenons notre date de passage au 29 mars.
Nous mettons donc le cap vers le Nord-Est en direction de Panamarina, un chantier naval perdu au milieu de la mangrove. Malgré son isolement, Panamarina est l’endroit parfait pour effectuer le carénage, l’hivernage ou même de plus gros travaux sur son bateau dans la région de Panama. Pas cher, avec des bons équipements et infrastructures, ainsi qu’une équipe francophone au top, il y a vraiment tout pour une escale pratique avant le Canal. Une fois le bateau en sécurité sur sa bouée, nous partons retrouver le goût du voyage par les voies terrestre. Pierre et Damien se mettent en route, planches sous le bras, vers la côte Pacifique pour un surf trip. Guillaume quant à lui rejoint Perrine pour une excursion dans les terres. Peut-être reviendrons nous plus en détails sur ces deux expéditions dans un hors série, mais sachez que tout le monde est revenu avec la banane et plein de souvenirs en tête !
C’est la team Gogy-Dudu qui est de retour la première au bateau. Les conditions de surf sont prometteuses sur la côte Caribéenne. Ce sera l’occasion de lier sessions de surf et préparation du bateau pour le canal (avitaillement, récupération de pneu en guise de pare-battage, menu bricolages etc…). Ils reviennent avec, dans leur bagage, Arnaud, un nouveau moussaillon rencontré sur la côte Pacifique, et qui leur tiendra compagnie durant ces derniers instants dans l’Atlantique.
Le temps passe vite et il faut bientôt remettre le cap sur Shelter-Bay pour récupérer l’équipage au grand complet et passer enfin ce maudit canal ! C’est Pierre et Damien qui se chargent du convoyage en double, une première pour eux ! Tout ce joyeux petit monde se retrouve avec beaucoup de bonheur après un mois de séparation. Mais la fête n’est que de courte durée puisque le passage est prévu pour demain matin : rendez à 4h30 pour récupérer le pilote.
- Passage du Canal -
Le passage du Canal de Panama est un événement mythique et mémorable pour n’importe quel marin. Tout le monde nous avait confirmé que cette machine gigantesque était tellement bien huilée que nous n’aurions qu’à rester un peu attentifs et contempler avec admiration le déroulement de ce moment inoubliable. Certes l’endroit est impressionnant, mais nous avons pourtant été plutôt déçus par un manque d’organisation qui a généré beaucoup de stress et de fatigue à tout l’équipage.
Ce passage se déroule en trois étapes. Il faut d’abord passer des écluses ascendantes qui permettent de « monter » jusqu’au Lac Gatun. On se retrouve donc à l’entrée de la première écluse avec deux autres voiliers afin de s’amarrer tous les trois à couple. C’est le bateau du milieu qui donne la cadence en faisant avancer et manœuvrer les deux autres. Une fois dans le Lac, on se libère les uns des autres afin de traverser les 60 miles d’envergure du plan d’eau en solo, au moteur et à vive allure pour se présenter à l’heure à la dernière étape : les écluses descendantes. Puis c’est rebelote. On se réamarre à trois et on traverse les dernières écluses pour arriver de l’autre côté du continent Américain. Le passage peut se déroule sur deux jours avec une nuit au mouillage dans le lac. Ou alors comme nous, sur une journée pleine. Durant tout le transit, un agent du canal, le pilote, est à bord pour nous donner directives et indications. En aucun cas, par contre, il ne prend la barre ou ne touche aux manœuvres.
Notre transit a commencé de la pire des manières puisque dès la première manœuvre d’amarrage des bateaux en « grappe », nous avons eu un pépin. A la suite d’une mauvaise consigne du pilote, le Scuba Libre se retrouve emporté par le courant, à pivoter sur son amarre arrière restée attachée au bateau central. Le support de l’hydrogénérateur fait office de pare-battage entre les deux bateaux et éclate sous la pression… Vu la force du choc ça aurait pu être bien pire, mais ça fait quand même mal de voir son matériel réduit en bouilli dès les premiers instants. Ce genre de confusion entre pilote et équipage, ou entre les pilotes eux -mêmes s’est répété tout au long de la journée. Ce qui ne nous a pas aidés à nous détendre. De plus notre pilote, bien qu’aimable au demeurant, n’a eu de cesse de nous mettre la pression sur l’allure du bateau, poussant parfois notre vieux moteur dans ses retranchements. Enfin vient l’évènement le plus marquant de la journée : l’arrivée dans la dernière écluse. Nous sommes derrière un cargo de plusieurs centaines de mètres et les pilotes décident de lui passer devant pour être mieux positionnés. Pied au plancher nous nous engageons sur son bâbord pour le dépasser, au milieu des remous de courant. Il doit y avoir une vingtaine de mètres entre son bordé et la rive, et notre grappe de bateaux – large d’une bonne quinzaine de mètres – déboule à plus de 9 nœuds (18km/h) dans cet étroit couloir. Les moteurs vibrent, les bouts grincent, tout tremble dans le bateau… mais ça passe. Nous voilà devant le cargo et commençons à réduire notre allure. Ouf ! Le reste du transit se déroule sans problème et nous nous retrouvons, 20h passé, à l’ancre dans notre premier mouillage du Pacifique. Malgré la fatigue on trinque quand même à notre réussite, et à ce nouvel océan qui s’offre à nous.
- Préparation de la Transpacifique -
Les émotions de la veille digérées, c’est maintenant l’heure de préparer la plus grande navigation de notre voyage : la transpacifique. Plus de 3800 miles nous séparent des Marquises, en Polynésie. Nous prévoyons de passer 28 jours minimum en mer. La liste des tâches afin d’être parés au départ est bien longue : réparation du support d’hydrogénérateur, vérification de tous les équipements du bateau, avitaillement en eau, carburant, nourriture, formalités de sortie du Panama, etc… Faute d’autre mouillage gratuit dans la région de Panama City, nous posons l’ancre dans la baie d’El Armador, sur la Isla Flamenco. Il est difficile d’imaginer pire endroit pour effectuer les préparatifs. Le mouillage est des plus inconfortables, l’eau est polluée, l’accostage en annexe est compliqué et nous sommes loin de tous commerces… Bref il nous tarde de quitter le Panama pour notre grande traversée. Heureusement que nos copains du Magtogoek sont là pour partager avec nous des moments de détente et de rigolades qui nous font décompresser un peu ! A force d’acharnement, nous sommes fin près le 4 avril et décidons de quitter el Armador pour aller se reposer un peu sur l’ile de Taboga. Le 6 au matin nous levons l’ancre définitivement et mettons les voiles cap au Sud-Ouest, vers notre rêve Polynésien.
Ce passage se déroule en trois étapes. Il faut d’abord passer des écluses ascendantes qui permettent de « monter » jusqu’au Lac Gatun. On se retrouve donc à l’entrée de la premiere écluse avec 2 autres voilier afin de s’amarrer tous les trois à couple. C’est le bateau du milieu qui donne la cadence en faisant avancer et manœuvrer les deux autres. Une fois dans le Lac, on se libère les uns des autres afin de traverser les 60 miles d’envergure du plan d’eau en solo, au moteur et à vive allure pour se présenter à l’heure à la derniere étape : les écluses descendantes. Puis c’est rebelote. On se réamarre à trois et on traverse les dernieres écluses pour arriver de l’autre côté du continent Americain. Le passage peut se déroule sur deux jours avec une nuit au mouillage dans le lac. Ou alors comme nous, sur une journée pleine. Durant tout le transite, un agent du canal, le pilote, est à bord pour nous donner directives et indications. En aucun cas par contre il ne prend la barre ou touche aux manœuvres.
Un petit coucou à votre équipage.
Toujours aussi intéressant de vous lire.
Vivement la lecture du carnet de bord en Polynésie.
Magnifiques souvenirs lors de mon voyage en 1998.
Salutations au professeur Tournesol.;-)