Carnet de Bord – Mer des Caraïbes & Los Roques

Le 13 février, nous quittons notre mouillage de Georgetown, à Grenade, en direction de Colón, au Panama. Adieu l’arc antillais. Notre regard est désormais tourné vers l’Amérique centrale.

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Sur notre chemin : l’archipel vénézuélien des Roques. Un chapelet de plus de 300 îles dispersées autour d’un lagon gigantesque.  Là-bas, dans ces îles méconnues des plaisanciers et hors des routes « classiques » de grandes croisières,  nous espérons trouver un petit El Dorado ! Surf, Kite, Plongée et Pêche à profusion ! Mais vu le peu de documentations que nous avons pu réunir, nous partons un peu dans l’inconnu.

C’est donc parti pour une première navigation de 2 jours, dans des Alizés bien en place, qui démarre sur les chapeaux de roues, puisqu’à peine l’ancre décrochée, nous remontons un beau tazard-maquereau à la ligne. Cette étape se présente bien ! En effet, tout se passera pour le mieux, et malgré une première nuit un peu chahutée, l’île de Grande Roques apparaît devant notre étrave au matin du deuxième jour. Bilan des courses : 360 miles ont été avalés en moins de 44 heures par le Scuba Libre. La meilleure moyenne depuis le départ !

A peine arrivés, il faut s’occuper des formalités d’entrée dans le pays. Nous avons eu un avant-goût de ces formalités, qui peuvent vite être compliquées et chronophages, avec les quelques îles non-européennes visitées jusqu’à présent. Mais au Venézuéla elles atteignent un niveau sans précédent. En effet, pour pouvoir circuler en règle dans cette réserve, il faut se présenter à pas moins de quatre bureaux différents et payer à chaque bureau une taxe de séjour.

Nos recherches nous avaient mis en garde à ce sujet, et nous avions conclu que pour 10 jours sur place, le jeu en valait la chandelle. Mais nous déchantons vite, lorsqu’au premier bureau on nous informe que les autorisations de circuler ne sont valables que pour 3 jours maximum depuis cette année. Une réunion de crise s’impose : on reste ? On part ? …. Finalement on reste ! On ne peut pas passer à côté de ce petit paradis maintenant que nous y avons mis les pieds. A force de négociation et de graissage de pattes nous arrivons à négocier un passeport valable pour 5 jours. Mais il laisse un petit gout âmer dans nos gorges de petits européens.

Bref… Nous sommes en règle (c’est le principal) et les vacances peuvent commencer ! Direction Francisky, une île avec un mouillage protégé à 360°, un spot de surf, un lagon idéal pour le kite et un récif coralien rempli de poissons (un vrai parc d’attraction à nos yeux). Seul bémol, ce site est très fréquenté des touristes, et les va et vient continuels des speedboats nous fatiguent un peu à la longue…

Une fois arrivés, nous nous séparons en deux équipes pour aller tester les spots de surf et de kite. Nous nous retrouvons 2h plus tard avec le sourire jusqu’aux oreilles. Nos deux sessions sont une réussite ! Ce séjour s’annonce mémorable. Nous restons donc quelques jours à Francisky et les sessions s’enchaînent sans accros. Ca surf, ça kite, ça plonge, ça pêche ! Nous nous levons aux aurores pour ne pas perdre une miette de ces 5 jours.

Nous filons ensuite vers le centre de l’archipel pour aller y découvrir la mer intérieure. Cette expédition est un peu décevante car ce lagon, qui depuis les vues satellites nous semblait rempli de récifs, est finalement plat, et assez pauvre en vie sous-marine. Ce sera tout de même l’occasion de faire une belle navigation entre les îles pendant la descente.

C’est déjà le dernier jour et il faut retourner au Pueblo pour faire les papiers de sortie… Mais ce départ précipité nous ennuie. Nous voulons tenter de demander une rallonge aux autorités sous prétexte d’une météo difficile. Arrivés au premier bureau, on nous informe que cette rallonge est possible, moyennant le paiement de quelques frais « extra ». Banco ! On repart faire la tournée des popotes pour récupérer nos tampons ! Sauf que ces petits « frais extra » se transforment rapidement en « repayer la totalité des frais une seconde fois »…. Tant pis la procédure est lancée et ces îles en valent la peine. On quitte le dernier bureau, celui de l’immigration, avec une tape amicale dans le dos et un grand sourire du Jefe : « Bon séjour les gars ! On se revoit pour votre tampon de départ. Pas de problème pour me payer les derniers $120 à ce moment-la ! ». Oui oui, merci officier….

Bien que Gran Roques ne soit pas d’un grand intérêt pour nous, nous profitons d’être déjà mouillés dans la baie pour aller faire un tour au carnaval qui a lieu le soir-même. En attendant la Fiesta nous nous mettons à l’eau pour jeter un coup d’œil (sur les conseils du capitaine du port) et sommes surpris de tomber une fois de plus sur une eau foisonnante de vie, et notamment des tarpons de plus d’1m50 ! Et ça juste en face de la ville et de sa décharge à ciel ouvert… Pendant ce temps, Damien reste dans l’annexe avec sa canne. Il sympathise avec un pêcheur local, qui lui offre deux beaux tazards, qui viennent s’ajouter aux prises de notre pêcheur de bord. Encore une sortie improvisée qui se termine de la meilleure des manières ! Il faut dire que ces belles surprises sont souvent liées à la sympathie des locaux qui sont sur ces îles, toujours avenants et amicaux. Une vraie bonne surprise ! On enchaîne sur la soirée de carnaval, qui sera quant à elle un peu décevante. Mais c’est l’occasion de découvrir comment les gens font la fête ici.

Après un retour sur Francisky, nous nous rendons compte que les conditions ne sont plus vraiment propices à la glisse. Nous orienterons donc le reste de notre séjour sur la plongée et nous filons vers sud-ouest où nous avons repéré de beaux tombants. Les îles s’enchainent (Noronky, Crasky, Lanky), et les plongées sont de mieux en mieux. Nous terminons en apothéose par l’île de Dos Mosquises Sur. Un tombant à pic, des récifs aux couleurs et aux formes magnifiques et de la vie sous-marine comme nous en avons rarement vu : tortues, raies, requins, tarpons, carangues, zahouac, mérous, langoustes, ludjans, et j’en passe… Sur cette île, nous tomberons aussi par hasard sur un centre de soins de tortues, qui laissera Pierre quelque peu nostalgique de sa vie réunionnaise.

25 février : ça y est c’est le jour du départ (et le vrai cette fois ci). Il est temps de dire adieu aux Roques, qui resteront pour longtemps dans nos mémoires. Cet archipel aura répondu à 100% à nos attentes et ce sera même révélé plus riche que ce que nous pouvions imaginer.

Le seul bémol : ce que nous avons ressenti comme de la corruption, qui rend les démarches d’entrée compliquées, coûteuses, et peut générer une petite dose de stress. Nous nous laissons une bonne matinée de préparation avant de lever l’ancre car le morceau qui nous attend est assez costaud. 7 jours de navigation et le « Cap Horn Caribéen » à passer ; et tout ça dans pas mal de vent. On s’attend à se faire bouger un peu. Ca devrait nous rappeler le Golf de Gascogne.

A peine partis, les Roques nous offrent un dernier petit cadeau. Un Tazard de 8kg mord à la ligne et est remonté à bord après une belle bagarre. Cette prise sera l’occupation principale des 3 premiers jours de navigation puisque la météo est finalement plus clémente que ce que nous imaginions. Le fumoir est ressorti et nous arrivons à tirer une vingtaine de filet. Le reste de la traversée se fait un peu moins confortablement avec un vent assez fort et une houle croisée nous imposant de faire plusieurs manœuvres.

Nous finirons cette  navigation par une belle bourde. Une fois arrivés au mouillage de l’île principale des San Blas que nous visions depuis le début, nous nous rendons compte que les procédures d’entrée y sont impossibles à réaliser. Nous repartons donc pour 10h de navigation jusqu’à Portebello (un vrai port d’entrée cette fois), avec la queue entre les jambes. Les San Blas, ce sera pour une autre fois.

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